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Trouver son don
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« Ye know full well that the meaning of life is to find your gift. To find your gift is happiness. Never tae find it is misery »

Cette citation vient de I shall wear midnight (Je m’habillerai de nuit dans sa traduction française) de Terry Pratchett, que j’ai lu en anglais. Comme la phrase est prononcée par un Nac Mac Feegle dont l’accent et le vocabulaire écossais sont rendus dans la traduction française de Patrick Couton par le dialecte Picard, ma traduction pour cet article sera un peu plate : « tu sais très bien que le but de la vie est de trouver son don. Le trouver, c’est trouver le bonheur. Ne pas le trouver, c’est être malheureux »

Je fais partie de ces gens qui, à chaque fois qu’ils essaient de se couler dans un moule, ou de faire les choses autrement qu’à leur façon, se retrouvent gentiment, mais très très fermement ramenés à la case départ, avec un échec, une perte de temps, d’argent, ou une frustration tellement gigantesque que c’en est presque surréaliste : il m’est tout simplement impossible de faire les choses de façon mainstream ou désalignée. Ça ne colle tout simplement pas. Les relations que j’essaye de bâtir sur des bases insuffisamment profondes, ou trop factices, se défont toutes seules. Les envois de CV aux mauvais endroits restent sans réponse ou donnent des entretiens où tout le monde est un peu gêné, car tout le monde sait que ça ne colle pas. Il n’y a pas de critique ou de reproche, pas d’animosité, mais c’est comme si quelqu’un qui chaussait du 39 essayait d’enfiler du 35 ou du 43. Ce n’est tout simplement pas le bon chemin.

Une des façons qu’a la vie de nous faire savoir qu’on n’est pas au bon endroit, pas avec les bons gens, pas de la bonne façon, c’est l’échec.

L’ennui avec l’échec, c’est qu’à de rares exceptions près, on ne nous a pas enseigné, on ne nous a pas éduqué.e.s à le regarder comme un signal que l’on est tout simplement pas au bon endroit.

Au contraire, on nous apprend à le battre en brèche, à insister, à persévérer, à se rendre maître.sse de la situation à tout prix… Sans nous dire que dans tout un tas de cas, il n’y a absolument aucun problème avec nous, mais un problème avec où, quand, et comment on fait ce qu’on fait. On ne sait pas différencier l’échec-échec de l’échec-redirection. Et on ne nous apprend pas que la seule façon dont nous pouvons vraiment être au monde, c’est en étant nous-même, en trouvant notre don.

On s’acharne à recopier les recettes « qui marchent », jusqu’à la saturation du marché (pitié, je n’en peux plus de ces milliers de coaches sur Instagram qui postent des couchers de soleil sur la mer, des verres de smoothies verts et des jeunes femmes radieuses qui font du yoga). Pas qu’il y ait quoi que ce soit de mal avec les couchers de soleil, les jeunes femmes et le yoga. Mais c’est vraiment vous, ça ? Franchement ?

Si vous avez « essayé » quelque chose pendant un temps invraisemblablement long et que ça ne bouge pas, revenez à l’intérieur de vous-même : demandez-vous pourquoi vous êtes là.

  • Est-ce que vous essayez quelque chose parce que vous sentez que ça vous « appelle », ou parce qu’on vous a dit d’essayer ça, de faire comme ça ?
  • Est-ce que vous essayez d’ÊTRE quelque chose en suivant un modèle établi de « faire » ou de « avoir » qui vous dit que la créativité, le courage, le bonheur, la compétence, le succès ça ressemble à ça, très exactement, et à rien d’autre ?

Laissez l’être guider le faire, faites les choses depuis l’intérieur vers l’extérieur. Il faut que ce soit organique, naturel. Et ne vous y trompez pas : ça peut être organique et naturel tout en étant difficile ou en faisant peur. Mais on sent que c’est « juste ». Juste comme le vêtement qui vous va parfaitement juste. Juste comme la note de musique qui est juste. On sent que ça nous appelle.

Plutôt que de chercher à « se dépasser », c’est à dire à faire les choses d’une manière qui n’est pas la nôtre (toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus fort !), comment pouvons-nous affûter notre manière de faire, affiner notre plan ? « Se dépasser », ça ne veut pas dire se faire souffrir en poussant au-delà du au-delà. Ça veut dire aller au plus fin possible, au plus juste possible.

En fait, se dépasser, c’est taper dans le mille de « être soi ». C’est raffiner notre minerai pour le débarrasser de nos scories de blocages, de peurs, de fatigues, de contraintes, d’imitations, de chaussures qui font du 35 ou du 43. Il n’y a plus de « plus fort.e » ou de « meilleur.e » parce que l’on ne se compare plus aux autres, notre boussole, ça devient nous-même. Exit la comparaison de choux et de carottes !

Votre nec plus ultra, si vous êtes sportif.ve par exemple, ce n’est peut-être pas les jeux olympiques. C’est peut-être ouvrir votre propre club ou école. C’est peut-être choisir vous-même le parcours de votre marathon rêvé et le courir tout.e seul.e avec pour seuls témoins les oiseaux et les animaux d’un coin perdu de Larzac. C’est peut-être venir à la salle ou au club tous les jours et vous faire le cadeau immense de ne plus foutre les pieds dans une seule compétition. C’est peut-être faire ce sport toute votre vie, y compris quand vous aurez 75 ans. Chacun.e définit son Saint Graal, chacun fait sa quête à sa façon.

Si vous le faites d’une manière qui n’est pas juste, vous allez toujours avoir les pieds qui flottent dans un 43, ou souffrir, trop serré.e dans un 35. La bonne taille est la bonne taille.